Ce pionnier des arts visuels est en train de se faire une place dans le monde de la musique avec son esthétique inspirée du monde du jeu vidéo
L’artiste Karol Sudolski parle à une génération amatrice de stimulations visuelles. Associant une esthétique hyper futuriste à une certaine intemporalité accrocheuse, il travaille sur tous les supports (des vidéoclips à la scénographie en passant par les sites Web) en déconstruisant le purisme sans jamais se prendre au sérieux. « Mes visuels n’ont aucun sens précis. Ce sont des passages qui fonctionnent comme un background pour les émotions humaines », explique l’artiste. « Le but de mon travail est de transmettre des fragments de ces émotions humaines indéfinissables. » Le jeune Milanais, d’abord passé par le design graphique, est en très grande partie autodidacte. « J’ai appris à manier les bons logiciels et à mentir pour payer le loyer », lance-t-il en riant. Mais en peu de temps et avec des ressources très limitées, il a réalisé des merveilles.
« Tout a changé quand j’ai rencontré les membres de camerAnebbia », raconte Karol Sudolski. « Ils m’ont initié à la projection d’images et aux installations de vidéo-art. » Son travail le plus connu est sa collaboration avec la musicienne Sofia Gallotti, ancienne moitié du duo Iori’s Eyes très apprécié dans la région de Glasgow. Sofia Gallotti, qui veut se lancer en solo, réunit Karol Sudolski et Giorgio Calace autour du projet L I M, très porté sur l’aspect visuel. Le résultat, une série de vidéos accompagnées de visuels destinés aux concerts, repousse les limites de l’esthétique dans la musique. Le clip de Rushing Guy, mis en ligne sur Nowness, tire un portrait mouvant, qui saisit et déconcerte, d’un visage en constante transformation. « En travaillant avec Sofia, j’ai découvert que même si je ne comprenais pas grand-chose à la musique, j’étais capable de faire des trucs qui pouvaient coexister avec », souligne Sudolski.
Karol Sudolski décrit son travail comme « un mélange bien structuré d’erreurs brillantes et colorées qui évoluent ensemble en s’imbriquant. » Il trouve son inspiration dans le monde des animes japonais, dans la physique, et surtout dans les jeux vidéo. « J’ai toujours été fasciné par les bugs du monde numérique : l’interprétation incorrecte de géométries polygonales, qui aboutit parfois à un résultat vide ou transparent ; les textures qui présentent un reflet, créant une espèce de dessin semblable à ceux du test de Rorschach, » explique-t-il.
L’année 2018 donnera l’occasion à un Sudolski désormais établi sur la scène des arts visuels de prendre encore plus de risques. « Dans un futur proche, j’aimerais terminer des projets personnels, par exemple rassembler toutes les petites créations que j’ai sur mon disque dur pour en faire un gros projet, » dit-il. « Et il y a aussi des artistes musicaux avec lesquels j’adorerais travailler. » Mais Sudolski reste mystérieux et garde ses as dans sa manche. Il faudra attendre encore un peu pour voir avec qui il va collaborer.